L’anthropocène est un Gaïacène

par Jérémie Cavé,
enseignant-chercheur indépendant,
membre de l’Atelier d’Ecologie politique toulousain

Le concept d’anthropocène sous-entend que nous serions les artisans de la planète et encore maître de notre destin. Or, nous ne l’avons jamais été : nous subissons le gaïacène comme toutes les espèces vivantes. Et ce gaïacène pourrait nous rappeler très prochainement que notre soi-disant toute puissance n’est qu’un phantasme qui pourrait nous mener à notre perte.

Ceci est un avis de tempête. Nous allons au-devant de sérieuses secousses. A partir de la décennie 2030-2040, quoiqu’il advienne, les conditions de vie sur Terre vont terriblement se corser. Le dérèglement climatique auquel on assiste aujourd’hui n’est qu’un tiède avant-goût de ce qui se prépare. Nous avons quelques années devant nous, tout au plus, pour nous réorganiser. C’est très peu. Et nous n’avons pas le choix : déjà, la bête s’ébroue. Et elle peut anéantir toutes nos réalisations d’une chiquenaude, comme en atteste la ville dévastée de Beira, au Mozambique, qui est entrée « dans l’histoire comme la première ville complètement détruite par les changements climatiques » (Graça Machel). L’Anthropocène est un Gaïacène : les turbulences auxquelles nous allons devoir faire face se déploient dans le temps et dans l’espace à des échelles sans commune mesure avec notre périmètre d’action. Et cela entraînera infailliblement des conflits et des guerres.

Déjà, dans les régions où l’eau se fait rare et la chaleur écrasante, la tension est montée d’un cran. Pour preuve, les insurrections armées au Moyen-Orient et dans la région sahélienne. Le mode d’organisation actuel des affaires humaines y est devenu insupportable. L’assèchement du lac Tchad (80% en 40 ans) n’est pas étranger à l’essor de Boko Haram. De même, la sécheresse qui a frappé la Syrie de 2006 à 2009 fait partie des facteurs qui ont participé à plonger le pays dans la guerre civile. Le Vénezuela a été privé d’électricité – et donc d’eau – pendant cinq jours, plaçant certaines agglomérations au bord du chaos. Le Cap, Bangalore, São Paulo, Istanbul, Le Caire, Jakarta, Beijing… : de nombreuses agglomérations millionnaires sont extrêmement vulnérables à la disponibilité d’eau douce. Des émeutes ont déjà éclaté sporadiquement. Or les pénuries ne vont aller qu’en s’aggravant.

Outre ses effets immédiatement observables, il nous faut également prendre conscience du « climate lag », le délai de la réponse climatique. Le changement climatique n’est pas un phénomène immédiat. Le climat n’est pas un indicateur en temps réel de nos émissions : les scientifiques estiment qu’il y a entre 25 et 50 ans de décalage (Hansen et al. 2005). De sorte que, si l’on retient une valeur moyenne de 38 ans, le dérèglement auquel nous assistons aujourd’hui n’est que le résultat des émissions mondiales jusqu’en 1981. L’effet des émissions mondiales qui ont eu lieu depuis ne se fera pleinement sentir qu’en… 2057 ! Autrement dit, nous sommes en décalage cognitif, psychologique et émotionnel de plusieurs décennies avec la réalité !

Ce n’est donc que le début…

***

Le terme d’« anthropocène » (Crutzen 2002) laisse accroire que l’homme est devenu à lui seul une force géologique majeure, que sa puissance de frappe le propulse au rang de titan. C’est en partie vrai : collectivement, nous avons désormais un impact climatique – voire sismologique (McGuire 2013) –majeur. Mais cela ne fait, dans le même temps, que renforcer notre présomption de toute-puissance. Or ce que nous avons surtout réussi à faire, c’est réveiller Gaïa : un macro-système physiologique dynamique dont les dimensions – en temps, en espace, en puissance – nous dépassent très largement (Lovelock & Margulis 1974).

Si nous proposons de parler ici de Gaïacène, ce n’est pas pour évoquer une macro-entité douée de conscience, mais plutôt pour remettre l’homme à sa modeste et fugace place, face à un macro-système mécanique dont les rouages se sont enclenchés et qui risque bien de nous soumettre à rude épreuve. Dès lors, inutile de se voiler la face : nous allons tous être impactés et, pour nombre d’entre nous, au-delà de notre capacité de survie. On évoque souvent les « générations futures », mais pour nombre d’humains au Sud, le changement climatique se conjugue au présent. En attestent les Etats menacés de submersion, une bonne part des cortèges de migrants, les zones sahéliennes rendues invivables par la température… S’agissant du futur, c’est à moyen terme : les conditions de survie de l’espèce, des espèces. Et c’est à nous d’assumer au présent les conséquences de nos actes.

Pour cela, comme nous y exhorte le mouvement Extinction Rebellion, il faut désactiver la machine thermo-industrielle, dans la tradition de la désobéissance civile chère au Mahatma Gandhi, à Martin Luther King ou à Nelson Mandela. Ou alors ça va être la panique. Inutile de préciser que ces formes de désobéissance civile vont se heurter à l’appareil répressif d’Etat, qui a montré sa capacité à défendre impitoyablement le statu quo actuel et ne va pas disparaître du jour au lendemain, surtout si les conditions se durcissent.

Le mouvement des gilets jaunes apparaît, dans ces conditions, comme la réaction des classes populaires qui bousculent le système, ulcérées par tant d’injustices sociales et fiscales alors que, dans le même temps, les scientifiques nous assènent de façon de plus en plus catégorique (Meadows et al. 1972, Kendall et al. 1992, Ripple et al. 2017) que, écologiquement, on fonce collectivement dans le mur à une vitesse folle.

Qu’à cela ne tienne, les élites s’escriment pour faire perdurer le système. Après avoir déboursé 1 700 milliards pour sauver les banques européennes lors de la crise des subprimes, et alors que les politiques d’austérité étranglaient le peuple grec, la BCE a de nouveau émis 1 140 milliards d’euros en 2015 pour racheter de la dette publique aux banques et assurances privées. Le système économico-financier mondial est d’une complexité inouïe ; il est difficile de s’y retrouver. Mais les chiffres donnent le tournis : que ce soit les marchés de produits dérivés (dont les encours représentaient, en 2009, 11 fois le PIB mondial), l’explosion des dérivés de crédit (qui pesaient, en 2010, 40 000 milliards de dollars), le shadow banking (qui représentait, fin 2015, 80 000 milliards de dollars), in fine le résultat est sans appel : 26 personnes détiennent aujourd’hui autant de « richesse » que les 50 % les plus pauvres de la planète (Lawson et al. 2019). Et, pendant ce temps, entre 1970 et 2012, les populations mondiales de poissons, d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et de reptiles ont chuté de 58 % à l’échelle mondiale (Oerlemans et al. 2016).

Comment le peuple ne se sentirait pas trahi par ces élites globocratiques qui s’enrichissent à outrance tout en saccageant la planète !? Quelle commune mesure entre la casse des vitrines du Fouquet’s et cet écocide planétaire !?

Pour autant, on ne peut se contenter d’une dénonciation du « capitalisme financier ». Le capitalisme « réel » inclut, entre autres, l’extraction minière, l’agrochimie, l’industrie pharmaceutique, l’élevage industriel, autant d’activités toxiques, auxquelles il faut également mettre fin, sans transiger !

Nous découvrons aujourd’hui qu’il existe des réseaux mycellaires d’arbres qui se déploient sur des centaines d’hectares ! Il y a des civilisations de termites vieilles de quatre mille cinq cents années, qui s’étendent sur un territoire grand comme la Grande Gretagne ! Las, nous dépensons encore des milliards pour trouver des formes de vie extra-terrestres ou une autre planète habitable, alors que l’on procède à la devastation méthodique de toute forme de vie terrestre… Notre situation historique est non seulement absurde, elle est obscène !

Qu’attendons-nous pour nous révolter et agir ?

Les zapatistes, les Indignados, Occupy Wall Street, le peuple islandais, les printemps arabes, Nuit Debout, les zadistes, le collectif Justice pour Adama, les Gilets Jaunes nous montrent la voie ! Bien qu’ils semblent se faire écho et tenir dans la durée, comme un phénomène de ricochet face à un système en bout de course, nombre de ces mouvements s’essoufflent. Et le plus récent d’entre eux, celui des Gilets Jaunes n’échappe pas à la règle… Les Gilets Jaunes n’en peuvent plus d’être sur le pont, de faire blocage, avec leur corps même.

Je suis effondré intérieurement par l’extinction de masse en cours, du vivant, des espèces, des animaux, des végétaux… Sans compter qu’il met en péril nos conditions de vie. Mais l’effondrement de la civilisation capitaliste, franchement… j’ai beau baigner dedans depuis tout petit, je crois bien que je m’en remettrai ! Il est d’ailleurs éclairant de se rendre compte qu’au cours des dernières décennies, les crises économiques internationales sont les seuls rares moments où les émissions de gaz à effet de serre ont diminué (Seferian 2018).

Au lieu d’être tétanisés par la peur de l’effondrement, il nous faut accompagner le mouvement pour en amortir le coup. Il faut accélérer l’effondrement de la machinerie thermo-industrielle pour éviter d’avoir à le subir.

Un tel basculement, bien sûr, est psychiquement angoissant. Nous sommes conditionnés pour penser que toute alternative au capitalisme serait nécessairement apocalyptique. Mais la réalité, c’est que ne rien changer, c’est préparer des temps invivables. Il est aujourd’hui urgent d’arrêter ! De ralentir. De redescendre sur Terre. D’« aterrir » (Latour 2017). Parce que nous sommes régentés par des élites hors-sol qui ont déjà fait sécession. A bas la croissance du capitalisme ! A bas le PIB, cet indicateur de notre suicide collectif ! Le grand saut dans l’inconnu est déjà fait, il n’est plus temps d’avoir peur du vide. La réplique culte résonne singulièrement un quart de siècle plus tard : « l’important, c’est pas la chute : c’est l’atterrissage » (Kassovitz 1995).

Il nous faut sortir de ce processus de zombification dans lequel nous a plongé l’envahissement de nos vies par les nouvelles technologies. A leur 7h30 de travail journalières, les Français.es ajoutent désormais 3h30 de télé et 4h sur leur smartphone3… Les Britanniques consulteraient en moyenne leur smartphone 220 fois par jour ! L’appel du film l’An 01 résonne plus que jamais : « on arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste ! » (Doillon, Resnais et Rouch 1973). Acceptons une décroissance radicale de nos activités, de nos besoins ! Et, par là même, une croissance du temps. Une croissance de l’espace. Réconquérons du temps pour prendre soin de nous-mêmes, de notre entourage humain et non-humain, localement. Il n’y a guère d’autre façon d’être en paix que de s’occuper de son jardin, intérieur et extérieur ; au lieu de tout déverser, de façon incontinente, sur les réseaux sociaux.

Nous vivons dans un monde hypercommunicationnel où la plupart d’entre nous sommes bien en peine de reconnaître et de nommer dix plantes communes de la région où l’on est. Et encore moins de connaître leurs propriétés. Il faut se réinformer, renouer avec un mode de pensée et de connaître sensible, qui ne coupe pas les idées du milieu réticulaire d’où elles jaillissent. Se reconnecter, « pieds nus sur la terre sacrée » (Standing Bear 1971 in McLuhan 2014).

Pour enclencher cette métamorphose (Morin 2010), nous pouvons compter sur trois puissants alliés : les non-humains, les peuples indigènes et les femmes. La révolution féministe en cours est, à mes yeux, le plus bel événement de ce début de ce siècle. Parler d’« Anthropocène », c’est faire insulte aux femmes : anthropos elles aussi, mais dominées et exclues du maniement de toute cette machinerie sans âme. Pour reprendre les termes du mouvement éco-féministe : « c’est la même société qui valorise une culture de guerre dans laquelle les femmes peuvent être violées, insultées, agressées, aussi bien chez elles que dans la rue ; c’est la même culture qui entretient un rapport de destruction à l’égard de la nature et de haine envers les femmes » (Hache 2016).

S’adapter au Gaïacène passe par une impérieuse réinjection de féminin. Le monde patriarcal est en pleine crise d’hystérie. Entre fatalisme, cynisme et fascination morbide pour les dystopies, nous nageons en pleine régression. Aux antipodes de cet épuisement ontologique, le féminin constitue une puissante source d’inspiration pour réhabiliter et se réapproprier ce qui a été détruit, dévalorisé, en le transformant, et en étant soi-même altéré.e par cette réappropriation. Soigner, régénérer, inventer, ici et maintenant ! Comme le proclamait une drôle et émouvante pancarte lycéenne lors des manifestations du 15 mars (« Ma chatte, ma planète : protégeons les zones humides »), ce monde a autant besoin de féminité qu’il a besoin d’eau douce préservée !

Sortons de la dichotomie moderniste Homme / Nature : nous faisons partie de la Toile du vivant ! Notre corps est fait à 90 % de cellules qui ne nous appartiennent pas ! Seul 1 gène sur 100 présent dans notre organisme provient de notre propre ADN : les 99 % restants viennent de l’ADN des quarante mille milliards de bactéries qui nous constituent…

Parce que le défi est collossal, le changement doit être profond, venir de l’intérieur de chacun de nous. Il nous faut, d’abord, apprendre à réduire nos besoins monétaires : à bas la fiction de l’homo economicus ! Comme le disait le président uruguayen Pepe Mujica, est pauvre celui qui a besoin de beaucoup : « soit tu parviens à être heureux avec peu, sans bagages, parce que ce bonheur est en toi, soit tu n’accompliras rien. Ce n’est pas l’apologie de la pauvreté mais celle de la sobriété ». Devenons riches intérieurement ! Prenons le temps pour cela. Sortons de la tyrannie du tout-mental. Renouons avec notre corps, nos sens, notre intuition, notre subtilité.

Certes, bon nombre de nos contemporain.e.s ont la hantise de se retrouver seul.e.s à la campagne, sans humains pour les entourer ! Mais c’est parce qu’à force de « printemps silencieux » (Carson 1962), cette campagne est vidée de toute Vie, de toute biodiversité ! Ces « campagnes », faites de monoculture extensive et intensive, ce n’est pas « la Nature » : ce sont des déserts, des champs d’extermination du Vivant ! A l’inverse, au cœur d’une forêt ancienne, en montagne, au bord de la mer, sous un ciel étoilé débarrassé de pollution lumineuse, la sensation existentielle que l’on peut éprouver est tout autre, vertigineuse et enveloppante…

Nous retrouvons alors cette sensation d’humilité cosmique de se fondre dans un tout qui nous dépasse largement. Et alors nous pouvons puiser le courage de mettre à bas ce macro-système technique qui nous mène à la suffocation. Du fait, vraisemblablement, d’un problème de taille (Rey 2014). Pour nous extraire de ce système tentaculaire qui nous engloutit, il nous faut nous ré-ancrer socialement et matériellement à l’échelle locale, des quartiers ou de bio-régions (Sinaï et al. 2017). C’est à cette échelle que des modes de gouvernement démocratiques sont les plus simples et les plus sains. Et plutôt que de se focaliser sur les formes institutionnelles, nous pouvons repartir de nos chaînes de dépendance matérielle. Identifier d’où viennent et où partent nos ressources de base : eau, aliments, énergie, déchets-ressources. Réorganiser la production et la distribution de façon à tisser des circuits courts, à reboucler au maximum tous les flux, à recycler.

Laisser les fossiles dans le sol requiert de se déplacer beaucoup moins ou beaucoup plus lentement, au quotidien. De relocaliser les échanges matériels au maximum. Il nous faut nous lancer dès aujourd’hui dans le tissage de biorégions en transition vers l’autonomie. En variant, selon les endroits et les gens qui les habitent les formes, les manières de procéder. Les énergies renouvelables, aisément gérables à échelle réduite, nous offrent la possibilité d’une réappropriation démocratique de l’énergie. En se réappropriant collectivement les infrastructures de production énergétique, nous gagnerons en autonomie et en résilience. Le retour à la terre n’est plus une démarche de « hippies », mouvance vieille de plus de cinquante ans… Du chemin a été parcouru depuis et nous avons à notre disposition une multitude d’outils neufs et éprouvés : permaculture, communication non-violente, agro-foresterie, éducation populaire, monnaies libres, forêts nourricières, fablabs, écoles démocratiques, low-tech, AMAPs, propriété fondante, coopératives d’électricité, etc.

Tissons des liens légers, souples et résistants, à la manière des araignées. Regroupons-nous territorialement dans la plus grande diversité possible : le métissage est source de résilience. L’effondrement ne sera chaotique que dans les sociétés complètement anomiques, atomisées. Plus le lien social sera fort, plus il sera facile de se débrouiller, de se défendre. Protéger la terre, les eaux, les forêts : les communs ! Défendre nos territoires avec la grinta acharnée des zadistes de Notre-Dame-des-Landes : « nous ne défendons pas la Nature, nous sommes la Nature qui se défend ! ».

Car il ne s’agit pas, aujourd’hui, de « sauver la planète » ; elle a encore quelques milliards d’années devant elle. Il s’agit de sauver l’humanité ; et bon nombre de ses contemporain.e.s non-humains sans lesquels nous serons complètement désemparés. Ainsi l’écologisme est-il un humanisme, mais pas seulement. C’est aussi un interspécisme. La biomasse animale vertébrée terrestre est aujourd’hui composée à 36 % d’humains, à 60 % d’animaux d’élevage et à seulement 4 % d’animaux sauvages (Bar-Ona et al. 2018). Il est temps de sortir de l’agriculture chimique, de l’élevage industriel globalisés et de réapprendre à vivre en association avec la vie sauvage. En commençant par diminuer drastiquement notre consommation de viande animale. On n’en mourra pas ! Bien au contraire… Et en plantant de tout ! partout, en mode guerrilla gardening et incroyables comestibles. Libérons les animaux des parcs d’attractions, des zoos, des enclos ! En prévoyant des zones, même réduites, partout sur nos territoires, où les humains ne vont pas. Pour peu qu’on la laisse tranquille, la Vie repart très vite !

Il serait d’ailleurs opportun de recentrer l’essentiel de la recherche scientifique, sciences dures et sciences humaines, sur la compréhension du vivant. Mais la science ne suffira pas. L’ontologie naturaliste, qui opère une rupture drastique entre « l’homme » et « la nature » (Descola 2005) est à dépasser en actes dès à présent. Il faut réhabiliter les savoir-faire empiriques, la poésie, la danse, le chant, la musique… Retrouver un sens du sacré autour de la préservation du Vivant. Nos petits enfants se ficheront pas mal de savoir si nous nous déplacions à pied ou à vélo ; ils voudront juste savoir s’ils ont de l’eau pour boire et des terres saines pour se nourrir (Jensen et al. 2018). Il faut écouter nos aînés, les peuples premiers. Ils ont tant à nous enseigner pour peu que nous les laissions vivre sur leurs terres ancestrales, que nous leur donnions la possibilité de partager leur rapport au monde, à la Terre mère. Pour nous protéger de ces grossiers ignares belliqueux que sont Bolsonaro, Le Pen, Orban ou Trump. Autant de tristes sires qui s’imaginent pouvoir renier le monde d’un trait de stylo, d’un coup de canon ou d’un tweet…

***

« C’est l’histoire d’une société qui tombe et qui, au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien… Mais l’important, c’est pas la chute : c’est l’atterrissage ».

La folie a changé de camp.

N’attendons pas que ce soit le chaos.

Un autre monde n’est plus possible, il est nécessaire!

Car l’anthropocène est un Gaïacène. Et c’est tout juste si nous commençons à le comprendre…

Auteur inconnu

Références :

Bar-Ona Y. M., Phillips R. & Miloa R. (2018) « The biomass distribution on Earth », Proceedings of the National Academy of Sciences, June 19, 115 (25) 6506-6511.

Carson R. (1962) Silent spring, Houghton Mifflin, Boston.

Crutzen (2002) « Geology of mankind » in Nature, vol. 415, page 23

Jensen D. et al. (2018) Deep Green Resistance : Un mouvement pour sauver la planète, Editions Libre.

Descola P. (2005) Par-delà nature et culture, Gallimard, Paris.

Doillon J., Resnais A. & Rouch J. (1973) L’An 01, UZ Productions.

Hache E. (2016) Reclaim : recueil de textes écoféministes, Editions Cambourakis, Paris.

Hansen J., Nazarenko L., Ruedy R., Sato M., Willis J., Del Genio A., Koch D., Lacis A., Lo K., Menon S., Novakov T., Perlwitz J., Russell G., Schmidt G. A. & Tausnev N. (2005) « Earth’s Energy Imbalance: Confirmation and Implications », Science, 03, June: 1431-1435.

Kassovitz M. (1995) La Haine, Lazennec & Associés, 98 min.

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Latour B. (2017) Où atterrir : comment s’orienter en politique ?, La Découverte, Paris.

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Lovelock J. & L. Margulis (1974) Atmospheric homeostasis by and for the biosphere: the gaia hypothesis, Tellus, 1974.

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McLuhan T. C. (2014) Pieds nus sur la terre sacrée, éditions Folio Sagesse (1971).

Meadows D. H., Meadows D. L., Randers J. & W. W. Behrens III (1972) The Limits to Growth: A report for the Club of Rome’s project on the predicament of mankind, Universe Books

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Ripple W. J., Wolf C., Newsome T. M., Galetti M., Alamgir M., Crist E., Mahmoud M. I., Laurance W. F. & 15,364 scientist signatories from 184 countries (2017) « World Scientists’ Warning to Humanity: A Second Notice » in BioScience, Vol. 67, Issue 12, December, pp.1026–1028.

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