[Manifestation] Bilan de la marche pour le climat du 16 mars 2019 ou MANIFESTE des Enragés de l’Ecologie : Pour une radicalité sociale et écologique

Les marches pour le climat s’égrènent au fil du temps sans qu’aucune inflexion politique vers une réelle transition écologique ou énergétique ne soit notée. Nos gouvernements continuent la répression des manifestants sans jamais changer de cap. Il faut désormais aller au-delà de ces marches pacifiques pour exprimer notre volonté à changer nos modes de vies, nos politiques, nos modes de consommation. Surtout, il faut imposer le changement, ne plus attendre de convaincre nos dirigeants incapables de prendre la mesure de la situation. Pour cela, il nous faut aller vers une radicalité écologique non-violente qui passe par la désobéissance civile.

La marche pour le climat du 16 mars est la 5ème de l’année (hors gréve climatique des étudiants et lycéens). Des centaines de milliers de manifestants répartis sur plus de 200 sites en France ; plus de 150.000 étudiants, lycéens et grévistes le 15 mars ; près de 350.000 manifestants le 16 mars.
Une convergence évidente entre « fin du monde » et « fin du mois », les Gilets Jaunes ont répondu présents sur pratiquement tous les sites.

Et après ?

Les journalistes retiennent en priorité les images de casse et de violence qui tournent en boucle sur Paris et les grandes agglomérations. Outre qu’on ne sait pas toujours bien qui en aura été l’origine (le Fouquet’s aurait été incendié par des galets de lacrymogène tirés par la police), elles ne résument ni les revendications écologiques, ni la somme de manifestants pacifiques.

Dans de nombreuses autres villes de province, les marches ont été largement rejointes par des Gilets Jaunes, des militants ou de simples citoyens sensibilisés à l’urgence climatique. Elles se sont déroulées dans le calme, avec des prises de paroles, des actions symboliques, du tractage et des échanges productifs entre groupes.

Et pour quel effet ?

Non seulement on n’en entend pas parler, mais même localement ces manifestations n’auront eu qu’un impact limité sur les rares spectateurs et passants pressés qui avaient surtout pour principal objectif d’aller faire leurs courses et de rejoindre le centre commercial le plus proche. Surtout, elles n’auront eu aucun effet sur nos politiques qui ont aujourd’hui le beau rôle et expliquent à quel point ils sont sensibles au dérèglement climatique sans avoir jamais pris une décision efficace sur le sujet. Macron, le soi-disant champion de la Terre, a reçu la petite Thunberg à l’Elysée ? La belle affaire ! Un divertissement supplémentaire pour les éditorialistes.

Donc oui, il est important de nous compter et de montrer notre mobilisation lors des grandes manifestations. Mais l’urgence écologique et climatique nous demande d’être plus que mobilisés : il nous faut être efficaces. Mais que faire quand on ne veut pas incendier de banques ni passer son temps à marcher inutilement ?

Changer nos pratiques individuelles de consommation et nos modes de vie ? On le voit bien, à l’instar des marches pacifiques, ça ne sert à rien. Les appels aux boycotts ne fonctionnent que trop rarement et toujours trop lentement, même s’il y a quelques cas intéressants : Nutella par exemple, qui perd des parts de marchés et commence à s’inquiéter mais ne change toujours pas de politique. Changer de pratique de consommation à l’échelle nationale est trop lent. Nos échelles de temps (l’immédiateté de type internet ou livraison express) et d’espace (notre capacité à nous déplacer sur des distances énormes) nous imposent un bilan carbone désastreux mais sont trop ancrées. Elles conditionnent de plus pour une bonne partie d’entre nous la façon dont nous sommes obligés de travailler et de vivre au quotidien. Au mieux, cela épargnera la honte à quelques-uns qui ont la chance de pouvoir suivre leur idéal. Mais combien en ont seulement les moyens ? Pas suffisamment.

Il faut donc s’attaquer à la racine du problème : imposer une politique permettant la transition énergétique et écologique, en intégrant dans nos politiques publiques les notions de coûts écologiques, de services écosystémiques, en taxant de façon juste les principaux pollueurs et en accompagnant les entreprises et les citoyens pour éviter de tomber dans l’injustice et l’autoritarisme. Et pour cela, il faut plus que des marches, largement inefficaces, plus qu’un mode de vie responsable, impossible à suivre pour la plupart d’entre nous. Il faut imposer notre volonté à nos gouvernements.

Rejoignons les ZAD, les associations de protection de l’environnement, les associations altermondialistes qui sont actuellement les seules à offrir un réel contre-pouvoir aux pollueurs, aux aménageurs et à l’Etat qui les soutient. Bloquons les activités écocides, comme les grands projets routiers, les infrastructures productrices de carbone ou consommatrices d’espaces naturels, les fabricants de pesticides, les banques qui les financent, etc. Occupons les sites symboles de notre économie mortifère : les centres commerciaux, les centres logistiques d’e-commerce, les raffineries, les aéroports, les ports, les autoroutes… Mobilisons-nous autour des centres de décisions qui n’ont jamais assumé leur rôle dans la protection de l’environnement : les collectivités territoriales, les ministères, les services déconcentrés, les établissements publiques. L’anthropocène, le capitalocène ne sont pas des fatalités, ces ères sont récentes et ont leurs failles : la volonté populaire.

On peut être non-violent et radical. C’est cette radicalité qu’il nous faut maintenant mettre en oeuvre. Les Gilets Jaunes nous ont montré que nous n’étions pas une nation serpillère qu’on pouvait essorer sans conséquences. Avec eux, il nous faut maintenant démontrer que cette colère et cette radicalité peuvent être efficaces. Les actions et revendications de justice sociale et écologique ont les mêmes fondements, elles avanceront selon les mêmes rythmes et les mêmes modalités en se renforçant entre elles. Plus que des marches, il nous faut maintenant passer à l’action radicale.

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